L’œil et la lumière.

J’avais depuis longtemps envie d’écrire sur ma vie de photographe. Le départ, les rencontres, les révélations, les fulgurances qui se sont fixées dans le prisme de mon objectif depuis toutes ces années.
Écrit comme un essai, publié en épisodes et en lecture libre, je dévoile ce texte parce que la photo est aussi une littérature qui se raconte.

#1 Naissance.

Je n’ai jamais prévu de devenir photographe, juste un vieux rêve qui errait le long de mes couloirs nocturnes. C’est le destin qui s’est chargé de m’y faire plonger. J’ai toujours aimé L’art, la suggestion des images, le pouvoir visuel qu’elles avaient sur la vie quotidienne. Alors je bricolais des choses avec un vieux Zénith russe, solide argentique et compagnon fidèle, que je m’étais offert grâce à un job d’été. La vie s’est écoulée, nonchalante, jusqu’à ce jour où j’ai repéré l’annonce d’un concours organisé par la Fnac de Toulouse. J’ai déposé mes trois photos, avec le même détachement que j’aurais exprimé en postant une lettre, et puis j’ai oublié.

Quelques semaines après, je recevais dans ma boîte à lettres un courrier estampillé Fnac. C’était un signe du destin : j’avais obtenu le premier prix, soit 3000 euros de matériel professionnel, du Nikon, un boîtier et un objectif. Je me souviens m’être assis dans mon fauteuil,  avoir regardé la lumière extérieure et lui avoir murmuré « je vais enfin pouvoir t’apprivoiser ».

Fini la bricole, j’allais enfin pouvoir figer les images que ma rétine attendait de capturer. Le monde était à la portée de mon regard. J’ai tâtonné, testé, travaillé les techniques, frénétiquement, inlassable et passionné. Tout était devenu un sujet, j’étais à l’affût de la moindre étincelle esthétique comme un chasseur de lumière.

Après plusieurs mois d’auto-formation, j’ai acquis l’aisance et la confiance qui allait me permettre de me confronter au sujet humain. Je n’étais rien, personne ne me connaissait, et il est très difficile de pénétrer dans le monde de la photographie quand on est inconnu. Pourtant je crevais d’envie de m’y glisser, quitte à forcer la porte. Je me suis inscrit sur des forums photos, j’ai posté mes travaux avec l’appréhension d’être jugé et disqualifié au milieu de cette foule d’artistes tous plus talentueux les uns que les autres, de me perdre dans le brouhaha de ce peuple d’images. Et puis les premiers commentaires sont arrivés, parfois techniques, souvent artistiques, cette vision personnelle que j’avais longtemps dissimulée était analysée et appréciée. 

C’est à ce moment-là que les premières propositions de collaborations m’ont été soumises. Fébrile et intimidé, je fixais un premier rendez-vous avec une modèle, Sarah. Elle serait la première à me prêter son image, à me faire confiance. Ce jour-là marquait le départ de ce qui allait être ma nouvelle vie. 

À suivre… 📷

Laurie – Toulouse.